83-84 : sur le Français Blanc et Noir

LES FRANÇAIS BLANC ET NOIR

lls descendent de nos vieilles races du Midi, les gascons et les gascons-saintongeois et sont les produits de croisements de chiens blanc et noir, dont la conformation a été améliorée par un apport de sang anglais.

lls sont utilisés depuis longtemps dans les équipages ; par exemple, la chienne ldée de M. Beauchamp était une française blanc et noir. ll disait qu’« elle était aussi belle que bonne, [qu’] elle ne chassait jamais une double voie, dès qu’elle s’en apercevait, elle s’arrêtait pile, coupait le crochet, et sa jolie voix faisait rallier tous ses camarades ». En dehors de M. Beauchamp, il y avait des chiens de ce type chez le prince de Mérode, chez le marquis de Roüalle, chez M. Clayeux, chez Mlle de Longuerue.

Pourvus d’un standard en 1957, on trouve des français blanc et noir dans de très nombreux équipages à partir de 1960 (équipages Boischaut-Bas-Barry, La Chauvelais, Picardi-Valois, aux rallyes Ardillières, Campine, Chapeau, Vielsalm, à l’équipage du Rochard, etc.). Rien ne peut mieux décrire la situation de ces chiens, à cette époque, que les conclusions apportées par M. Gairal, après le concours de vichy en 1974 : « ll semble qu’à l’exception du rallye Brotonne, il y ait une certaine stagnation en ce qui concerne le français blanc et noir. Cela surtout quant au maintien des caractéristiques de la tête, telles qu’elles sont définies dans Ie standard de 1957, en particulier quant à la longueur de I’oreille et à son attache. Le manque de longueur et l’attache trop haute semblent aller de pair avec des formes de crâne trop larges, des arcades sourcilières trop proéminentes et une cassure trop marquée à la naissance du chanfrein. L’infusion de sang d’outre-Manche, même ancienne, a, dans certains cas, laissé des traces qui semblent très tenaces. ll est, en revanche, encourageant de voir un nombre important de sujets présenter, dans leur tête, un retour du gascon ou du gascon-saintongeois et le maintien de sa silhouette. Le manque de pigmentation et l’apparition fréquente de ladre sont aussi à surveiller, étant les prémices de la dégénérescence. ll semble que, grâce aux efforts du Club du gascon et du gascon-saintongeois, qui s’attache à maintenir des couleurs franches et une bonne pigmentation des muqueuses, tout en ayant amélioré le modèle, il serait possible de trouver, dans le Sud-Ouest, des éléments de retrempe pour les équipages composés de français blanc et noir . »

Si le ladre n’est pas un signe de dégénérescence aussi important qu’on a longtemps voulu le croire, il faut toutefois admettre qu’il est particulièrement inesthétique, notamment sur les sujets blanc et noir. C’est pourquoi il faut toutefois l’éliminer, d’autant qu’il engendre des troubles de caractère rendant souvent le chien timide et peureux.

Actuellement, le cheptel des français blanc et noir est parfaitement maintenu ; cela va peut-être jusqu’à s’inscrire au détriment des grands anglo-français blanc et noir. Cela est probablement dû à une consanguinité qui n’a pu être que bénéfique, contrairement à ce que certains pouvaient prévoir. ll n’y a pas eu a ma connaissance beaucoup d’apport de sang anglais dans les équipages blanc et noir de ces dernières années. ll en est résulté que les caractères de nos vieilles races françaises sont devenus dominants et que I’influence anglaise s’est estompée…

On trouve à l’heure actuelle des français blanc et noir d’excellente qualité à l’équipage Piqu’Avant Nivernais. Dans le Sud-Ouest, il y en a un peu partout, notamment au rallye Merrein, au rallye Piqu’Avant les Bleus, et certainement dans beaucoup d’autres meutes, puisque dans cette région, la vieille retrempe française est sur place. Au nord de la Loire, on trouve quelques sujets de qualité chez Philippe Dulac au Normand Piqu’Hardy. Le rallye Thiouzé a toujours eu son type de chiens ; quant à l’équipage du Rochard, il s’en est un peu éloigné par rapport à ce qu’on lui avait connu à Bagnoles-de-l’Orne en 1964.

Le type et l’homogénéité assurent aujourd’hui la première place à l’équipage Pic’Ardie Valois de Jean Bocquillon, qui a hérité des chiens de son frère. ll faut féliciter Pierre et Jean Bocquillon, dont la réussite n’est pas un hasard. lls ont, à I’heure actuelle, trente chiens inscrits au L.O.F., avec des qualificatifs allant de très bon à excellent. C’est là un record, ce doit être un exemple.

J’ai eu plaisir, avec mes collègues, juges des autres races, de classer Nérac meilleur chien à l’Exposition canine de Paris en 1979. Cette année, ce blanc et noir dominait encore les mâles dans un excellent lot, où l’on trouvait Gentilhomme, Frédebise, Festival, appartenant tous les trois au Dr Vézard. Les femelles sont également de grande qualité, puisque Mortagne a été classée cette année meilleur sujet du Club du chien d’ordre, et meilleur sujet du 5e groupe, devant Polka, Garonne et Ormet. Pour ce qui est des lots, l’équipage Pic’ Ardie Valois devançais à Paris (en 1979) les poitevins de Combreux et ceux d’Aunis-Poitou, ce qui n’est pas un mince compliment. Le rallye Campine, de Belgique, qui avait des sujets accusant trop l’origine anglaise, a montré il y a quatre ans à Compiègne qu’il avait su revenir vers le type français blanc et noir. Ces chiens du baron de Fierlant-Dormer sont distingués, avec des robes rappelant, chez nombre d’entre eux, le gascon-saintongeois. ll en est de même pour les derniers chiens du prince de Mérode, qui sont aujourd’hui revenus au rallye Araize ; il faut toutefois noter chez ces derniers des crânes plus larges et des oreilles plus longues.

ll serait bien intéressant de rassembler les Nérac, Prestige, Gentilhomme, Frédebise, Mortagne, Ormet, Maillardais, Moullière, etc. ll y a là un lot qui devrait être garant de l’avenir des français blanc et noir.

STANDARD DU FRANÇAIS BLANC ET NOIR

Aspect général : grands chiens d’ordre distingués, mais bâtis en force, donnant de ce fait une impression d’équilibre.

Tête : assez importante et plutôt longue, en harmonie avec l’ensemble sans jamais être
ni lourde ni commune, mais expressive et bien portée.

Truffe : noire et bien ouverte.

Chanfrein : de préférence un peu busqué. Cassure du front légèrement marquée.

Babines : recouvrant la lèvre inférieure.

Crâne : légèrement bombé, plutôt étroit, sans exagération. Bosse occipitale apparente sans excès, mais suffisante pour éviter de donner au crâne un aspect trop plat. L’arcade
sourcilière peut être légèrement proéminente (rappel du sang lévesque).

Yeux : foncés, le regard intelligent et confiant.

Oreilles : attachées à la hauteur de la ligne de l’oeil, légèrement tournées, elles atteignent, de préférence, la naissance de la truffe et doivent arriver au moins à deux doigts de celle-ci.

Cou : assez long et fort, avec parfois une légère trace de fanon.

Epaules : longues, sèches et obliques.

Membres : antérieurs forts et bien dirigés. Coudes collés au corps.

Pieds : plutôt allongés, mais secs et résistants.

Poitrine : plus étendue en hauteur qu’en largeur et atteignant au moins la pointe des coudes.

Côtes : longues et modérément arrondies.

Dos : plutôt long, mais bien soutenu.

Rein : musclé et bien attaché.

Flanc : légèrement relevé, mais laissant aux boyaux une place suffisante.

Hanches : obliques, en tout cas se prolongeant par une bonne longueur jusqu’à la pointe des fesses.

Cuisses : longues et suffisamment musclées.

Jarrets : près de terre, larges, puissants et légèrement coudés.

Fouet : assez gros à sa naissance, plutôt long, élégamment porté.

Robe : obligatoirement blanche et noire, à grand manteau ou à taches noires plus ou moins étendues, pouvant présenter des mouchetures noires ou bleutées, ou même de
couleur feu, mais ces dernières uniquement sur les membres. Une tache pâle au-dessus de chaque oeil ainsi que du feu pâle aux joues, sous les yeux, sous les oreilles et à la naissance de la queue. Comme chez le gascon-saintongeois, la " marque de chevreuil " à la cuisse est assez fréquente.

Poil : ras, assez fort et serré.

Peau : blanche sous poil blanc, noire sous poil noir, avec parfois des plaques sous-cutanées au ventre et à la face interne des cuisses de couleur bleue plus ou moins foncée.

Taille : grands chiens. De 0,65 m à 0,72 m pour les mâles et de 0,62 m à 0,68 m pour les femelles.

Défauts : crâne trop large, trop rond ou trop plat, stop trop accusé, arcade sourcilière trop proéminente ; yeux et truffe clairs, toute trace de ladre où qu’elle soit ; oreilles plates, trop
courtes ou mal attachées ; sujets bégus ou prognathes ; excès de fanon ; membres grêles ou mal dirigés ; pieds gras ; robe tricolore, feu trop vif, couleur noire sur les joues se prolongeant jusqu’aux babines ; toute trace apparente de sang anglais dans la tête et aspect poitevin de celle-ci sous les couleurs blanches et noires ; chiens peureux.