84-85 : René le Théry sur la forêt nivernaise

Forêt Nivernaise d’aujourd’ hui

Ainsi donc, à travers le tumulte de son histoire, tantôt adorée et fourmillante de travail et tantôt servante délaissée, ici vaincue par la main du défricheur et là conquérante silencieuse des pâtures abandonnées, la forêt nivernaise est parvenue jusqu’à nous.

Depuis la fin du siècle dernier, son étendue s’est même accrue au fil des années de 194.000 ha à 224.000 ha en 1975. En Nivernais comme ailleurs s’est ainsi une nouvelle fois vérifié le grand corollaire de l’histoire forestière qui veut que s’accroisse la forêt à mesure que l’homme s’en éloigne : 347.000 Nivernais en 1886 et à peine 245.000 en 1975.

Avec, en 1981, le tiers de son sol boisé, la Nièvre compte en fait parmi les départements les plus richement pourvus en forêts, plusieurs d’entre elles étant de surcroît parmi les plus riches en chêne de France : Bertranges, Bellary, Vincence, Arey…

Utilisation du sol Surface ha  %
Formations boisées 224.000 32,6
Landes et friches 8.500 1,2
Terrains agricoles 425.000 61,9
Terrains improductifs 23.350 3,4
Eaux 6.050 0,9
TOTAL 687.300 100,0

D’ailleurs, où que l’on se trouve en Nivernais, la forêt est présente dans le paysage :

Sur le Plateau Nivernais, là où règnent les majestueuses forêts domaniales, elle domine, accompagnant souvent le voyageur sous double escorte et ne laissant de place qu’au ciel.

En Morvan, tout aussi présente, elle occupe sommets et versants, ne concédant en maints endroits que les fonds de vallées aux pâturages, prête à reconquérir en un dernier assaut le territoire que les siècles de présence humaine lui ont soustrait.

A mi-chemin entre Morvan et Plateau Nivernais, nous voici dans la dépression du Bazois. Là les prairies dominent incontestablement, mais que le regard se porte à l’est et la vaste forêt morvandelle barre I’horizon de sa masse sombre alors qu’à l’ouest se profile, plus discrète dans le soleil couchant, la chênaie du Plateau Nivernais.

Mais la forêt, bien que plus effacée, n’est pas absente du Bazois, à Vincence et autour des étangs de Vaux, elle est là tout aussi imposante et les chênes que porte son sol très riche, si le forestier a travaillé avec constance en leur faveur comme dans la vieille réserve de Vincence, n’ont rien à envier en qualité et en beauté à ceux des Bertranges.

En Donziais, ce sont les céréales qui nous convient, et à l’ouest la vigne. Quelques bois subsistent ici ou là, mais les forêts du Plateau Nivernais au sud-est sont aux portes de Donzy et celles de Puisaye apparaissent au nord dès que le hasard du chemin donne quelque champ au regard.

Resterait à parler de la chênaie de Sologne Bourbonnaise entrecoupée d’étangs, des beaux taillis sous futaie de la petite partie de la Puisaye située dans la Nièvre et de la Bourgogne Nivernaise où forêts et cultures agricoles alternent entre coteaux calcaires et vallées.

Région forestière Surface totale région (ha) Surface totale boisée (ha)
Morvan 159.500 68.750
Sologne Bourbonnaise 125.950 34.400
Val d’Allier 9.850 350
Bazois 113.250 20.350
Bourgogne Nivernaise 40.000 13.850
Plateau Nivernais 158.200 74.950
Donziais 56.100 5.800
Puisaye 24.450 5.550
TOTAL 687.300 224.000

Il reste à découvrir les arbres de nos forêts et à tenter d’entrevoir leur destin.

Ecologie forestière

Sur l’ensemble du département, les essences dominantes dans les peuplements se répartissent, en 1981, approximativement ainsi :

Chêne 160.000 ha
Hêtre 10.000 ha
Divers feuillus (charme, tremble, bouleau) 25.000 ha
Conifères 2.900 ha

Le chêne est donc le roi de nos forêts. C’est une circonstance heureuse car, outre sa grande beauté, il est très apprécié pour de multiples utilisations : ameublement, tonnellerie, charpente… La Nièvre est le premier producteur de chêne de France ce qui représente une fraction non négligeable de la production de l’Europe des Dix : probablement entre 2 et 5 %.

Malheureusement, comme le fera apparaître le texte consacré aux industries, en dehors du sciage, les grumes de chêne sont peu travaillées dans la Nièvre, à laquelle échappe ainsi plusieurs milliers d’emplois.

Le Chêne Rouvre ou Chêne Sessile (Quercus Sessiliflora) couvre les trois-quarts de la chênaie nivernaise. Il occupe les plateaux et notamment le Plateau Nivernais, laissant au Chêne Pédonculé, plus tolérant à l’humidité, les fonds de vallons et les sols mouilleux.

Mais en maints endroits, ces deux espèces se sont hybridées causant ainsi quelque souci aux botanistes.

Enfin, le Chêne Rouge d’Amérique (Quercus Boréalis) est présent en différents points du département par placettes de quelques hectares. Cette essence très frugale et de croissance plus rapide que les Chênes Rouvre et Pédonculé est de plus en plus choisie pour reboiser les sols appauvris.

Mais la Nièvre est le domaine du Chêne Rouvre, plusieurs parcelles ont été classées porte-graines dans les forêts domaniales des Bertranges, de Prémery et de Guérigny. Chaque fois que la fructification est suffisante (tous les trois ans en moyenne) les glands sont ramassés dans ces parcelles pour approvisionner les pépinières françaises. A l’automne 1981 ce sont 19 tonnes de glands qui ont été collectés dans les forêts domaniales nivernaises soit environ 5.000.000 de glands destinés à repeupler en chêne les forêts françaises.

Le Hêtre n’est plus aujourd’hui l’essence dominante que dans 10.000 ha de forêts principalement situées au-dessus de 600 m d’altitude dans le Morvan, c’est-à-dire au-dessus de l’aire naturelle du charme, qui, à plus basse altitude, grâce à sa croissance plus rapide et surtout à sa meilleure faculté de rejeter de souche l’a concurrencé victorieusement depuis l’abandon du furetage qui, en maintenant un couvert, favorisait le hêtre, essence d’ombre, alors que le charme est une essence de demi-lumière et que le chêne est une essence de pleine lumière.

Le hêtre est également bien représenté en forêt de Vincence où il devance même le chêne dans quelques parcelles de la vieille réserve.

Par ailleurs, le promeneur observera que le hêtre est soigneusement maintenu en sous-étage dans les futaies domaniales. Nous verrons plus loin dans quel but.

Il faut savoir que cette répartition au bénéfice écrasant du chêne est essentiellement le fait de la volonté de l’homme car l’essence naturelle de notre département, Morvan compris, est le hêtre. Ceci revient à dire qu’en l’absence de l’homme les forêts nivernaises, hormis les parties mouilleuses et clairièrées, seraient entièrement couvertes de hêtre. Pour affronter la sélection naturelle, le hêtre, essence d’ombre, est mieux armé que le chêne, essence de lumière, et par surcroît, il pousse plus vite.

On comprend ainsi qu’en l’absence de l’homme, les semis de hêtre auraient tôt fait de dominer les petits chênes.

Le charme contre le gré des forestiers a colonisé le taillis des taillis sous futaie jusqu’aux limites de son aire naturelle, c’est-à-dire 500 à 600 m d’altitude. Par ailleurs, il exige une certaine richesse de sol ce qui explique son absence fréquente des sols dégradés de la Sologne Bourbonnaise et a contrario sa vigueur dans le Bazois. Le charme est l’ennui du chêne comme le chiendent est l’ennemi des prairies. Rejetant vigoureusement de souche en souche et poussant rapidement, il couvre de son ombre les semis de chêne qui, privés de lumière, meurent en moins de trois ans. Dans les parcelles où les semis de chêne doivent pousser (on dit que ces parcelles sont en régénération) les ouvriers forestiers doivent périodiquement, parfois tous les ans, couper les rejets de charme jusqu’à ce qu’au bout de 10 à 15 ans les petits chênes soient devenus assez vigoureux pour lutter eux-mêmes contre la concurrence.

Le bouleau et le tremble sont fréquents en Nivernais chaque fois que l’humidité limite les autres essences.

Moins tolérant à l’humidité, le bouleau colonise les sols acides. Il peut représenter jusqu’à 40 % de certains taillis du Morvan.

Introduits parcimonieusement dans le Morvan à partir du milieu du siècle dernier, les conifères ont été massivement plantés depuis la création du Fonds Forestier National en 1950. Il s’agit donc pour l’essentiel d’une forêt jeune issue de plantation de main d’homme.

A l’origine, en 1950, les essences introduites étaient surtout l’Epicéa Commun ainsi que le Sapin Pectiné et le Sapin de Vancouvre (Abies Grandis) qui représente l’essentiel des plantations de plus de 20 ans.

Depuis 1955, le Douglas (Pseudotzuga Douglasii) dont l’aire d’origine se situe dans les montagnes rocheuses en Amérique du Nord, a fait son apparition et supplanté progressivement toutes les autres essences de reboisement. Depuis 15 ans, il représente plus de 70 % des résineux plantés chaque année.

La qualité de son bois, sa plasticité écologique, son extraordinaire vigueur (aux U.S.A. il atteint 70 m de hauteur) le font préférer aux autres essences. Dans le Morvan, il atteint déjà 50 m de hauteur dans plusieurs placettes plantées avant 1914.

Un mouvement est engagé depuis quelques années sous l’égide du Parc Naturel Régional du Morvan pour veiller à ce que la forêt morvandelle n’évolue pas intégralement vers la monosylviculture résineuse. La place existe pour des essences feuillues : hêtre, chêne rouge d’Amérique, merisier, frêne, moins productives mais nécessaires à l’équilibre écologique du Morvan car la monosylviculture à maints égards n’est pas souhaitable.

IDENTITE FORESTIERE NIVERNAISE

Abstraction faite des nuances, il apparaît que l’identité écologique de la Nièvre se partage en deux régions très contrastées :

  • à l’est, couvrant le quart du département, le Morvan granitique auquel s’apparente la boutonnière de Saint-Saulge ;
  • à l’ouest, le Nivernais Central, région de plaines (Bazois) et plateaux (Plateau Nivernais) sur assises géologiques calcaires avec en surface des horizons souvent décalcifiés dont on peut légitimement se demander s’ils sont la cause ou la conséquence de la présence forestière.

A ce contraste géologique fondamental s’ajoute l’altitude : 400 à 900 m pour le Morvan, 200 à 300 m pour le Nivernais Central et donc le climat.

Le Morvan est de fait le premier accident de relief rencontré par les vents atlantiques humides, ce qui explique qu’il soit l’une des régions les plus arrosées de France et donc très propice à la croissance des arbres.

Bien que proches par la distance kilométrique, Nevers et Château-Chinon sont en vérité aussi éloignées écologiquement que Paris et Epinal.

Le Nivernais Central est le berceau du chêne en association avec le hêtre comme essence secondaire. Les belles futaies domaniales du Plateau Nivernais, grâce également à des méthodes de sylviculture, dont les principes ont été élaborés lors de la création de l’Ecole des Eaux et Forets de Nancy en 1824, certains même remontant à Colbert, produisent des grumes dont le renom franchit largement les frontières françaises. Cette vocation n’est contestée par personne. Tous s’accordent même à unir leurs efforts pour l’amplifier et à penser que l’épanouissement paysager et économique nivernais trouvera prochainement sa source dans ce riche potentiel biologique.

La forêt morvandelle, par contre, servante congédiée de la ville de Paris depuis plus d’un siècle, est encore aujourd’hui à la recherche de son destin. Tous les critères économiques la poussent dans les bras des conifères qui couvrent déjà le tiers de sa surface. Mais les taillis vieillis de chêne et de hêtre aux merveilleuses couleurs de printemps et surtout d’automne s’accrochent encore en masse aux collines. Heureuse fantaisie économique d’un pays riche ! A bien contempler ces arbres perclus par l’histoire et que le froid raisonnement économique condamne, vient à l’esprit le spectacle des fières hordes gauloises voyant monter vers elles pour un dernier assaut les puissantes légions romaines.

LA PROPRIETE FORESTIERE

Les 224.000 ha de forêts se répartissent fin 1981 en :

  • 24.000 ha de forêts domaniales, c’est-à-dire propriété de l’Etat ;
  • 28.600 ha de forêts communales, sectionales et d’établissements publics soumis au régime foncier (hôpitaux…) ;
  • 171.400 ha de forêts privées.

Les deux premiers groupes, qui couvrent ensemble 52.600 ha forment le domaine soumis au régime forestier.

En application du Code Forestier, il est géré par I’Office National des Forêts qui regroupe l’essentiel du personnel forestier de l’ancienne Administration forestière.

Les principales forêts domaniales, pour la plupart localisées sur le Plateau nivernais, sont :

Forêt des Amognes 1.411 ha
Forêt d’Arcy 2.031 ha
Forêt de Bellary 2.709 ha
FORET DES BERTRANGES 6.342 ha
Forêt de Guérigny 1.448 ha
Forêt de Vincence 1.731 ha

Parmi les grandes forêts communales on trouve :

Forêt communale de Prémery 906 ha
Forêt communale de Varzy 835 ha
Forêt communale de Châteauneuf-Val-de-Bargis 757 ha
Forêt communale de Champlemy 580 ha
Forêt communale de Nolay 573 ha
Forêt communale de Saint-Martin-du-Puy 564 ha
Forêt communale de Chaulgnes 555 ha
Forêt communale de Dornecy 550 ha
Forêt communale de Billy-sur-Oisy 471 ha
Forêt communale de Corvol-l’Orgueilleux 417 ha
Forêt communale de Raveau 413 ha
Forêt communale de Colméry 401 ha
Forêt communale de Dompierre-sur-Nièvre 401 ha

Le vaste domaine privé est géré par les propriétaires privés eux-mêmes mais les principes de gestion et les actions de développement sont élaborés par le Centre Régional de la Propriété Forestière de Bourgogne qui approuve les plans de gestion rédigés par les propriétaires ou leurs experts. Dans la Nièvre, les propriétaires sont regroupés dans un Syndicat Départemental de Propriétaires Forestiers. Ils disposent en outre du Groupement de Gestion et de Développernent de la Forêt Nivernaise (GEDEFON) qui met à leur disposition un personnel technique comparable à l’Office National des Forêts pour les forêts des collectivités.

Les forêts domaniales et communales sont surtout localisées sur le Plateau Nivernais : Bertranges, Bellary, Arcy, Prémery, Guérigny, Amognes, Grands Bois Sauvages, Minimes… et communales de Prémery, Varzy, Châteauneuf-Val-de-Bargis, Raveau, Chaulgnes, Champlemy… dont elles représentent 55 % de la surface. C’est dire encore que la région de Nevers est essentiellement peuplée de forêts domaniales.

Par contre les forêts soumises au régime forestier sont pratiquement absentes au sud de la Loire et faiblement représentées dans le Bazois et dans le Morvan.

Sylviculture

La sylviculture est la concrétisation de l’action de l’homme déterminée en vue d’orienter l’évolution des peuplements forestiers selon un objectif fixé.

Compte tenu de l’âge d’un arbre adulte (150 à 200 ans pour le chêne), on conçoit que l’objectif sylvicole ne peut qu’être à long terme et que la principale condition à réunir par les générations de forestiers qui se succèdent dans un même peuplement est la continuité.

En cela, le domaine forestier n’est comparable à aucun autre et implique un raisonnement adapté aux contraintes du temps.

Mais la forêt a dû aussi, à travers l’histoire, satisfaire les besoins des hommes.

Cela a été d’abord la nourriture des troupeaux à l’époque gauloise où déjà l’homme a favorisé les chênes à large cime pour leur production de glands au détriment du hêtre.

Puis, la population augmentant au fil des siècles et les besoins de l’industrie métallurgique devenant considérables, les gros arbres ont disparu progressivement laissant la place au taillis producteur de petits bois.

Mais l’homme a toujours utilisé de gros arbres pour construire les charpentes, les bateaux, les meubles…et alors même qu’au XIXe siècle, les besoins en petits bois chutaient avec l’apparition du charbon, s’accroissait la demande en chêne pour faire des sciages.

Le principe même de la sylviculture est de concevoir un mode d’exploitation des arbres qui se concilie avec la perpétuation du peuplement. D’où les trois principaux régimes d’exploitation conçus par l’homme et appliqué en Nivernais :

  • Le taillis simple qui utilise l’aptitude des arbres à rejeter de souche pour perpétuer le peuplement. Tous les 15 à 30 ans, on passe en coupe et on laisse rejeter les souches afin de pouvoir à nouveau passer en coupe 15 à 30 ans plus tard. Il s’agit d’un mode de gestion exclusivement producteur de petits bois.
  • Le taillis sous futaie qui utilise le même principe mais en réservant à chaque passage en coupe des brins de chêne (essence précieuse de l’âge du taillis) qui, au bout de 120 à 150 ans, deviennent de gros arbres aptes à servir à la fabrication de meubles.
    Un taillis sous futaie se présente donc pour le visiteur comme une formation forestière comprenant des chênes plus ou moins gros suivant leur âge et, dans l’espace intercalaire, le taillis. Plus le nombre de chênes est grand et plus la quantité de bois de chêne qui se forme est grande au détriment du taillis et inversement.
  • La futaie où toute la surface du sol est couverte par les feuillages des arbres de futaie, chênes ou hêtres. Sous la futaie, les forestiers cultivent le hêtre, essence d’ombre, en sous-étage.

La futaie est le seul mode de traitement qui permette aux peuplements de se perpétuer naturellement, c’est-à-dire à partir de glands ou faines produits sur les parcelles.

Alors que le taillis simple puis le taillis sous futaie répondaient aux besoins des siècles passés, la futaie est adaptée à l’économie du XXe siècle, grosse consommatrice de bois d’oeuvre de très haute valeur. Ainsi, un hectare de futaie de chêne de Bertranges produit autant de valeur économique par an que 200 hectares de taillis simple. Mais les forestiers voient surtout dans le régime de futaie le moyen de perpétuer enfin naturellement les forêts et aussi de constituer des sites magnifiques.

La forêt feuillue nivernaise se partage, en 1981, entre :

Taillis simples et taillis sous futaie à réserve de chênes éparses 135.000 ha
Taillis sous futaie à réserves de chêne évoluant vers la conversion en futaie 45.000 ha
Futaie régulière de chêne et hêtre 15.000 ha

Il faut savoir que la conversion d’une futaie de chêne en taillis sous futaie ou en taillis simple est chose aisée et très rémunératrice car on réalise le capital accumulé en 100 ou 150 ans, tout en laissant ensuite faire la nature et donc sans bourse déliée, alors que le processus inverse est essentiellement onéreux et nécessite parfois un siècle de mise en vieillissement.

On comprendra à la lumière de cette remarque que les forêts domaniales couvrent 13.000 des 15.000 ha de futaies feuillues nivernaises et que les forêts domaniales et communales représentent 30.000 des 45.000 ha des taillis sous futaie à réserves denses.

Dès qu’elles sont constituées, les futaies sont très rémunératrices, ce qui permet à l’Office National des Forêts de réutiliser, dans les travaux forestiers, dans les 24.000 ha de forêts domaniales, plus qu’il n’est consacré aux 171.400 ha de forêts privées.

Le défi forestier actuel est l’enrichissement des taillis sous futaies privés à réserves éparses qui représentent plus de la moitié des forêts nivernaises et la même proportion au niveau français, soit 6 à 7 millions d’hectares.

Forêt et cynégétique

La forêt nivernaise abrite aussi plusieurs espèces de grand gibier vivant à l’état sauvage. Il s’agit essentiellement du chevreuil qui cohabite si bien avec la forêt. Le chevreuil est protégé par un plan de chasse qui, sur chaque territoire et en fonction des effectifs estimés, détermine chaque année le nombre maximal de sujets à prélever. L’effort important défini par les pouvoirs publics et consenti par les chasseurs depuis quelques années a permis un repeuplement spectaculaire.

Le cerf est présent en quelques territoires. Mais les dégâts causés aux cultures voisines et même aux forêts conduisent à maîtriser ses effectifs afin de parvenir à un équilibre aussi harmonieux que possible entre les différents acteurs de l’écologie locale.

Quant au sanglier, il est classé nuisible mais son extraordinaire vitalité le maintient en plusieurs secteurs en dépit d’un effort de chasse constant.

Plusieurs enclos de repeuplement en chevreuil existent en forêts privées et domaniales. Le plus important est situé en forêt domaniale de Guérigny où il couvre 360 ha. Les chevreuils repris dans cet enclos sont répartis dans les forêts domaniales.

FORET ET ACCUEIL

Les forêts nivernaises comptent plusieurs sites spécialement aménagés pour l’accueil du public :

  • Forêt domaniale des Bertranges au bois de la Brosse et forêt communale de Varennes-Vauzelles,
  • Parc de vision de cerfs, chevreuils et sangliers en forêt domaniale de Guérigny,
  • Chalet refuge, parc de vision et sentiers équestres et pédestres en forêt domaniale de Breuil-Chenue, sous l’égide du Parc Naturel Régional du Morvan,
  • de nombreux sentiers équestres et pédestres ont été créés par l’Association Départementale de Tourisme Equestre, l’Association Nièvre Tourisme et l’Association des Sentiers de Grande Randonnée.

Voici présentée brièvement cette forêt nivernaise, l’une des plus belles et des plus riches de France pour laquelle tant reste encore à faire.

Plus de trois siècles après le séjour de Colbert en Nivernais, son point de vue demeure étonnamment d’actualité car « plus on approfondit les affaires de cette forêt et plus on y voit de grandes et belles choses à faire… ».

René LE THERY.
Chef de Centre O.N.F. - Nevers

Les Principales Régions Forestières de la NIEVRE

REGION TYPE DE FORET
I - LA PUISAYE
Craies - sables et argiles sols en majorité imperméables et type sol podzolique avec horizon fréquent de pseudogley
Associations : chêne pédonculé charme et chêne rouvre hêtre. Traitement taillis sous futaie (TSF). Taillis de charme principalement.
II - LE DONZIAIS
Alluvions modernes - limons argilo-sableux - sables fins et caillouteux sol argilocalcaire et calcimorphe.
Région essentiellement agricole.
III - LA BOURGOGNE NIVERNAISE
Calcaires marneux et oolithiques du jurassique moyen et supérieur - Sols calcimorphes argilocalcaires et marneux.
Association : chêne pédonculé charme chêne rouvre hêtre occupant les sommets.
IV - LE PLATEAU NIVERNAIS
Terrains sableux caillouteux ou argileux à chailles siliceuses sols assez profonds type brun lessivé.
Taillis sous futaie traités en conversion de futaie feuillue. Taillis charme essentiellement vocation futaie feuillue chêne hêtre et résineux douglas.
V - LE BAZOIS
Sol argilo-calcaire et de texture lourde - sols de type brun forestier lessivé ou non.
Taillis sous futaie association chêne pédonculé charme et chêne rouvre hêtre. Zone peu boisée.
VI - LE MORVAN
Roches éruptives cristallines et méta-morphiques. Sols peu profonds et ayant tendance à acidification.
Taillis simple avec peu de valeur d’avenir.
VII - LE MASSIF DE SAINT-SAULGE
S’identifie au Morvan.
Taillis simple avec peu de valeur d’avenir.
VIII - LA SOLOGNE BOURBONNAISE
Sables et argiles du Bourbonnais sols argilosiliceux ou podzoliques à gley.
Taillis sous futaie en conversions.
IX - LE BAS MORVAN
Roches éruptives anciennes. Sols lessivés ou brun lessivé.
Boisé surtout dans la partie nord (Nièvre). Taillis sous futaie (TSF) avec chêne rouvre et charme.
X - LE VAL D’ALLIER
Alluvions modernes à limons et graviers. Sol alluvial et brun.
Région essentiellement agricole