Le cerf

Article réalisé avec, entre autres, quelques extraits de "La chasse à courre en France", de Joseph Lavallée que l’on peut intégralement lire en ligne sur Google Books.

Description

Le cerf élaphe est un mammifère ruminant des forêts tempérées d’Europe, d’Afrique du Nord et d’Asie. Sa principale particularité est qu’il porte des excroissances sur la tête, appelés bois et que ceux-ci tombent chaque année.

Le poids des animaux est variable en fonction de l’âge, du sexe et de la région : les animaux de l’Europe de l’Est sont plus gros que ceux de l’Europe de l’Ouest.

En France le cerf mâle pèse de 140 à 230 kg pour une taille de 140 à 150 cm au garrot. Ce poids baisse au moment du rut (le brâme) pour les mâles et de l’allaitement pour les femelles et peut également varier en fonction de l’abondance de la nourriture.

Les biches et les cerfs on un corps fin et souple et des pattes fines, ce qui les rend rapides à la course et agiles pour sauter.

La femelle du cerf est la biche ; le petit, qui nait généralement en mai, est le faon et sa durée de gestation est de 8 mois.

Ci-dessous un tableau récapitulatif des noms des cerfs selon leurs têtes et les bois portés :

Sexe0 à 6 mois6 à 12 moisà 2 ans c’est un :à 3 ans c’est une :à 4 ans c’est une :à 5 ans c’est une :à 6 ans c’est un :à 7 ans et + c’est un :
Mâle Faon Hère Daguet 2e tête 3e tête 4e tête 10 cors jeunement 10 cors
Femelle Faon Bichette Biche

Leur pelage se décline dans différents tons de bruns selon la saison et le sexe. Le cimier est cette tache jaune clair présente sur la croupe. Le faon a un pelage brun clair tacheté de blanc, nommé la livrée qu’il porte jusqu’à 6 mois.

Les Bois

Sur l’os frontal du hère, apparaissent deux bosses ; elles sont la base de la tête du cerf, et prennent par la suite le nom de pivots. À un an, ils sont visibles et le mâle est appelé « daguet ».

LES TÊTES DU CERF.

1. Tête de daguet (de 1 an à 2 ans).

2. 2e tête (3 ans).

3. 3e tête (4 ans).

4. Dix cors jeunement (6 ans).

5. Cerf dix-cors (7 ans et +).

A. Meule ou couronne. Les tubercules qui la garnissent se nomment pierrures et leur ensemble constitue ce qu’on appelle la fraise.
B. Merrain ou perche. C’est ce qui sert de tige aux cors ; les petits tubercules qui le garnissent se nomment perlures, et les sillons qui les séparent s’appellent gouttières.
C. Le maître andouiller ou andouiller de massacre.
D. Le sur-andouiller.
E. Chevillure.
F. Trochure.
G. Epois (ils terminent la tête et leur réunion forme ce qu’on appelle couronnure, empaumure ou trochure).

Exemples de ce qu’on appelle têtes

H. Bizarres.
I. Tête couronnée.
J. Tête portant trochure.
K. Tête enfourchée.

Cerf 10 cors avec empaumure

Quand elle est parfaite, la tête du cerf se compose du pivot, de la meule, de la tige principale, qu’on nomme merrain, du premier andouiller, qui sort en avant et qui est recourbé en remontant ; c’est le plus long et le plus meurtrier ; au-dessus, le sur-andouiller, beaucoup plus court ; le troisième se nomme chevillure : il est ordinairement plus allongé que le second ; quelquefois on trouve encore sur le merrain un quatrième andouiller qu’on nomme trochure.

L’extrémité du merrain peut s’aplatir et ressembler vaguement à une main. On l’appelle alors l’empaumure ; il en sort, en forme de doigts, un nombre plus ou moins important d’andouillers, qu’on nomme aussi épois. Lorsqu’il n’y en a que deux, on dit que la tête est fourchue ; lorsqu’il y en a trois ou quatre, elle s’appelle trochure ; quand il y en a cinq, elle est "paumée". Lorsque les épois sont rangés tout autour en forme de couronne, on dit que le cerf porte chandelier. Dans la classification C2 le quatrième andouiller ou trochure fait partie de l’empaumure. Pour désigner un cerf, on énumère le nombre de cors qui forment son bois. Un cerf à sa seconde tête a ordinairement deux andouillers sur chaque perche principale, et, comme on compte le bout du merrain, on dit que le cerf porte six.

Quelquefois la chevillure est fourchue ; cela est indifférent pour déterminer combien un cerf porte. Les têtes sont quelquefois mal faites, on les appelle des têtes bizarres ou bizardes.

Arrêté plan de chasse cervidés Nièvre

Dans le cadre du plan de chasse qualitatif mis en place dans la Nièvre en 2003, les cerfs à tête avaient été classés en deux catégories : C1 et C2. Les C1 étant des cerfs qui ne portent pas d’empaumure. Un grand cerf 10 cors peut tout à fait ne pas en porter et même avoir un nombre limité d’andouillers (voir image ci-dessous).

Le Pic, cerf 10 cors qui porte 6 © SG

Les C2 sont des cerfs à empaumure, c’est à dire dont le sommet de la ramure, après la chevillure, se divise en au-moins 3 pointes d’au moins 5 centimètres.

Plan de chasse qualitatif 2012 © FDC 58
Gérer le cerf © ANCGG

Le plan de chasse qualitatif, en limitant le nombre de bracelets concernant ces cerfs, avait été créé pour préserver cette particularité génétique et permettre à ces cerfs de se reproduire. Cependant, depuis la saison 2013-2014, ce plan de chasse qualitatif n’existe plus : la distinction n’est faite qu’entre daguet et cerf à tête.

Cerf à double empaumure selon classification C2
Il y a 3 pointes au-dessus de la chevillure => empaumure
Source : FDC 08

La seule méthode fiable pour juger de l’âge d’un cerf est l’examen de sa mâchoire. Mais on peut toutefois tenter d’estimer son âge par l’observation.

Déterminer l’âge d’un cerf

Pour juger de l’âge d’un cerf, il ne faut pas se fier au nombre des andouillers, qui est extrêmement variable. Il faut regarder l’empaumure, quand elle existe : si elle est plate et plus large que le merrain, c’est un dix cors, car les jeunes cerfs n’ont pas d’empaumure, mais quelques andouillers, dont l’un excède l’autre. Si la bête porte le chandelier, c’est un signe assuré de grand vieux cerf.

Autres points sur lesquels on peut juger le cerf : les pivots sont un os du front ; ils ne se renouvellent pas, ils ne peuvent donc avec l’âge que grossir, tandis qu’au contraire, à mesure que le cerf refait ses têtes, ils tendent à devenir moins élevés. Des pivots gros et courts annoncent donc un vieux cerf. Il arrive même, lorsqu’un animal est très vieux, que les pivots soient ravalés de manière que la meule se trouve immédiatement sur le massacre. Alors la tête dégénère ; elle devient courte, et souvent bizarre.

La meule, qui se trouve immédiatement sur les pivots, suit la même progression que ceux-ci. A chaque refait, elle augmente de largeur, et la tige principale, dont elle est la base, acquiert plus de grosseur.

Enfin le merrain et les andouillers sont sillonnés dans leur longueur de rugosités qu’on nomme gouttières. Ils sont aussi couverts de petits tubercules en forme de perles, qu’on appelle perlures. Les mêmes aspérités se retrouvent sur la meule : ce sont les pierrures. Chez les jeunes cerfs, ces signes sont à peine marqués ; mais à chaque tête nouvelle les perlures et les pierrures deviennent plus apparentes et les gouttières se creusent davantage.

C’est au début du printemps, et même vers le milieu de février, que les gros cerfs perdent leurs bois. Plus le cerf est vieux, plus tôt dans la saison il perdra ses bois, ce qui explique pourquoi nous ne chassons presque que des daguets à partir de la mi-février.

Les bois mettent quatre mois et demi ou cinq mois à repousser, jusqu’à début juillet. Ils sont tout d’abord garnis d’une peau recouverte de poils fins et courts ; trois semaines plus tard, lorsque la nouvelle tête est parfaitement durcie, la peau se dessèche, et le cerf s’en débarrasse en se frottant contre des branches et des arbres qui offrent plus de résistance. La tête, qui commence par être blanche, prend une teinte plus foncée. On dit alors que le cerf a frayé, bruni.

Cerf en velours © SG


Les moeurs du cerf au fil des saisons

Les vieux cerfs aiment être seuls ; il est rare pendant l’été d’en voir deux ou trois réunis ; jamais ils ne se mêlent aux biches qu’ils ne recherchent que pendant le rut. Un vieux cerf passera l’été dans un buisson où il se sera retiré au printemps, et ne fera la nuit que le chemin nécessaire pour aller au gagnage chercher sa nourriture.

Il aime les ombrages touffus, les belles pelouses. Il recherche les fourrés, mais il n’y pénètre que par des coulées qui ne lui présentent pas d’obstacles. Leur nourriture consiste presque toujours en herbages et en fruits verts.

Lorsque vient l’hiver, les cerfs se retirent en fond de forêt, s’y mettent en hardes et se tiennent sous les futaies, dans les fonds où ils trouvent un abri contre le vent. Les jeunes se réunissent quelquefois aux biches ; leur nourriture se compose alors de faînes, de glands, de châtaignes et de mousse, et, quand la terre est couverte de neige, ils mangent l’écorce des jeunes arbres. Au printemps, on le trouve dans les buissons, à la proximité des champs où il peut viander ; la végétation est abondante et il commence à prendre un peu d’embonpoint ; il reste au même lieu jusqu’à la fin d’août ; à cette époque il a refait sa tête.

C’est alors que commence pour lui la saison du rut ; il se retire avec les biches en fond de forêt ; il change presque continuellement de place, livre à ses rivaux des combats terribles, et est tellement préoccupé, qu’il ne songe ni à s’arrêter ni à manger ; puis, au bout de trois semaines, quand il est bien épuisé, quand il a fondu toute sa graisse, il retourne aux buissons pour se refaire, en attendant que l’hiver le ramène en fond de forêt, où il broute les feuilles qui restent aux ronciers, le cresson qu’il peut trouver au bord des fontaines, le sommet des bruyères, les jeunes pousses des tailles de l’année.

Le rut

C’est vers fin d’août ou les premiers jours de septembre que commence le rut des cerfs. A cette époque leur tête est parfaite. Leur gorge se gonfle ainsi que leurs daintiers. Le dessous de leur ventre noircit ; ils contractent une odeur si forte, qu’on les sent même longtemps après qu’ils sont passés. Ils deviennent inquiets. On les voit marcher jour et nuit le long des routes, traverser les plaines, les rivières, sans crainte d’être aperçus. Par leurs courses nombreuses, ils semblent se multiplier, ils abondent dans les grandes forêts.

Cerf avec ses biches © SG

Le cerf muse pendant cinq ou six jours, c’est-à-dire qu’il porte la tête basse ; ensuite il la relève, il semble demander au vent de lui apporter les émanations de celle qu’il désire. C’est une sérénade qui commence quelques instants avant le coucher du soleil, continue pendant toute la nuit et ne cesse que le matin.

La voix des cerfs changent comme celle des hommes, en fonction de leur âge. Les jeunes ont le cri plus éclatant. Les grands vieux cerfs ont la voix plus grosse ; en les entendant, un veneur exercé peut apprécier le nombre de têtes qu’ils comptent. Pour exprimer que le cerf crie, on dit qu’il rait, qu’il rée ou brame. Le mot crier est aussi admis en vènerie.

Cerf bramant © SG

Le raire du cerf ne sert pas seulement à faire connaître son âge, il peut encore donner un autre indice : lorsque le cerf a couvert suffisamment de biches, sa voix baisse ; ses cris deviennent plus courts : on sait alors qu’il ne tardera pas à quitter ses biches.

Cette réunion, ce sérail qu’il a formé, se nomme un rut ou un harpail. Si un autre cerf survient, qui soit de force à lui disputer la possession de son harem, alors le combat s’engage.

Il est à remarquer que, dans les combats que se livrent ces animaux, les plus gros cerfs succombent le plus ordinairement ; ils sont moins agiles et plus confiants dans leurs forces ; ce qui fait que, lorsqu’un jeune cerf bien armé s’est une fois enhardi, il parvient souvent à blesser celui qui lui tient tête. Quand un cerf a forcé son adversaire à fuir, il reste maître des biches qui étaient rassemblées, et les garde jusqu’à ce qu’un plus fort vienne les lui enlever à son tour ; il veille sur elles, et, si quelqu’une s’écartait et manifestait l’envie de se laisser séduire par les jeunes cerfs qui sont toujours à caracoler aux environs, elle serait bientôt ramenée, souvent même avec correction. Pendant trois semaines environ, les plus gros cerfs restent les maîtres des biches ; puis, quand ils ont entièrement assouvi leur ardeur amoureuse, ils les quittent, et les jeunes, dont le rut n’a commencé que quelques jours plus tard, viennent à leur tour les courtiser. C’est un échange dont ces dames s’accommodent fort bien ; car si les cerfs sont polygames, leurs femelles ne se piquent pas d’une grande fidélité. Quelquefois même, pendant que, pour les conserver, leur tenant est à combattre, un jeune cerf profite du conflit.

Cerf bramant © SG

Connaître un cerf par son pied

Il est excessivement important de bien connaître toutes les parties qui composent sa jambe. De même que tous les animaux qui portent des cornes ou des bois, le cerf a le pied fourchu ; la partie antérieure des deux ongles qui le composent s’appelle les pinces ; celle de derrière, les talons. Quelquefois une des pinces est plus longue que l’autre ; on dit, dans ce cas, que le cerf a une connaissance. C’est une circonstance qu’il est bon de signaler ; elle peut, en cas de défaut, servir à faire reconnaître le cerf de meute. A partir du talon jusqu’à la pince, le dessous du pied est creusé de manière à laisser tout autour un rebord qu’on nomme les côtés.

Le fond ou la partie creuse comprise entre les pinces, les talons et les côtés, est la sole. La comblette est l’espèce de petite fosse qui se trouve entre les deux parties postérieures des talons ; les os sont les ergots placés un peu au-dessus du talon. L’intervalle plus ou moins long qui existe entre le dessus du talon et les os se nomme la jambe.

Les diverses parties du pied s’usent par la marche, ou prennent avec l’âge un plus grand développement. On comprend dès lors comment ces altérations progressives peuvent servir à faire reconnaître l’âge du cerf. Tant que cet animal n’a pas atteint toute sa taille, son pied augmente de grosseur. D’un autre côté, à mesure qu’il marche, les pinces, qui dans sa jeunesse étaient aiguës, s’usent ; elles s’arrondissent chaque année davantage. Les côtés s’usent aussi, ils deviennent moins tranchants et plus larges ; les éponges se ravalent et tendent, ainsi que les côtés, à gagner le niveau de la sole. La jambe grossit, mais elle n’augmente pas sensiblement de longueur ; tandis que les os, bien qu’ils s’usent avec l’âge, prennent beaucoup d’accroissement, et, comme ils s’allongent, leur extrémité inférieure se rapproche du talon, et la jambe en paraît raccourcie. On dit alors que le cerf est bas jointe. Ainsi donc, toutes les fois qu’un cerf aura beaucoup de pied, que ses pinces seront rondes, ses côtés et ses talons usés, qu’il sera bas jointé, on présumera qu’il est vieux.

La manière dont le pied est usé vous donnera des indications pour juger l’âge, et cependant elles peuvent aussi quelquefois vous tromper, si vous les prenez isolément. Par exemple, dans les terrains humides, dans les pays marécageux, le pied reste long et creux, les côtés demeurent tranchants, les pinces aiguës et les talons élevés, parce que le sol n’offre pas assez de résistance pour les user.

Les biches en ont de plus inconstantes encore. Il faut bien remarquer néanmoins que, pendant qu’elles portent leur faon, elles mettent constamment les pieds de derrière en dehors de ceux de devant.

Les dix-cors, au contraire, ont des allures longues et régulières. Les pinces du pied de derrière sont presque toujours placées sur le talon de celui de devant. Ils sont bas jointés, leurs pinces sont bien fermées, elles pèsent sur le sol et pour ainsi dire le pincent ; de façon que, pour exprimer un cerf qui se juge bien, on dit qu’il tire la terre, à lui. Les jeunes vont, à la vérité, les pinces de derrière fermées ; mais, excepté sur un terrain montant, ils marchent les pinces de devant ouvertes, et par conséquent ils les impriment peu profondément dans la terre. Quant aux biches, elles vont toujours les pinces des quatre pieds ouvertes.

La connaissance la plus importante et la moins sujette à erreur est la petitesse du pied de derrière comparé à celui de devant chez le cerf (et plus le pied de derrière est petit comparativement à celui de devant, plus l’animal est âgé), alors que chez la biche, les quatre pieds conservent à peu de chose près la même grosseur.